La veille technologique (ou veille scientifique/technique) consiste à surveiller de manière systématique les évolutions dans un secteur d’activité donné. Elle comprend les activités de collecte d’informations permettant d’anticiper les innovations en matière de dépôt de brevets, de lancement de nouveaux produits, matériaux, processus, concepts, etc.
La veille technologique est une étape clé dans la réalisation de tout projet de R&D, mais également en vue de rédiger le dossier de Crédit Impôt Recherche. Dans cet article, nous vous proposons des pistes pour élaborer une stratégie de veille technologique efficace, que ce soit pour mener à bien votre projet de R&D ou pour constituer votre demande de CIR.
Où et comment chercher pour réaliser une veille technologique efficace ?
L’étude de la littérature scientifique constitue le point de départ sur lequel se construit un projet de R&D. Il s’agit d’une étape importante car une mauvaise identification des connaissances disponibles sur le sujet peut amener à engager du temps et des fonds importants pour développer une connaissance déjà détenue ailleurs. La difficulté principale réside dans le fait que l’information est parfois délicate à trouver, surtout lorsqu’on dispose de peu de temps et que l’on souhaite éviter de se perdre parmi les centaines de milliers d’articles scientifiques publiés chaque année.
Afin d’avoir un premier aperçu de la documentation disponible sur votre sujet et surtout, d’élaborer et délimiter votre stratégie de veille technologique, vous devrez vous poser les bonnes questions :
- Est-ce que vous êtes sur un sujet particulièrement répandu dans la littérature scientifique ?
- Est-ce que vous êtes sur un sujet très original ?
- Êtes-vous en marge d’un sujet très documenté ou bien dans sa continuité ?
- Combien y a-t-il de publications disponibles sur le sujet ?
- Ce nombre évolue-t-il rapidement ?
- De quand datent les publications sur votre thématique en moyenne ?
- Est-ce un sujet « à la mode » ?
Suite à cette réflexion, identifiez les articles dont les titres vous semblent intéressants vis-à-vis de votre problématique, lisez les abstracts correspondants (résumés des articles) puis intéressez-vous davantage aux articles ayant retenu votre attention. Suite à cela, pensez à conserver les références de ces articles et à noter les éléments importants afin de pouvoir exploiter plus rapidement ces informations par la suite.
Vous pouvez également utiliser des logiciels spécifiques de gestion des références tels que EndNote, Zotero ou Mendeley, qui permettront une gestion efficace d’un grand volume de documents.
L’état des connaissances scientifiques actuelles se dresse principalement en consultant des publications scientifiques (articles) que l’on trouve dans des journaux spécialisés. L’accès est la plupart du temps payant, mais un abonnement à quelques revues de votre domaine constitue un prérequis fondamental à l’efficacité de votre veille technologique. De plus, des plateformes telles que Web of Science ou Google Scholar vous permettent d’effectuer une recherche d’articles dans de très nombreux journaux.
Ces recherches s’effectuent par mots-clés (en anglais pour plus de résultats) et il convient donc d’identifier clairement le champ lexical de votre recherche.
Pensez aussi à vérifier ce qui est publié sur votre sujet précis mais également sur des sujets connexes, sur des méthodes que vous utilisez (même si la finalité des auteurs est différente de la vôtre), etc.
Soyez critiques dans la sélection des sources !
Lors de vos recherches, soyez attentifs à vos sources. Les journaux sont notés selon un facteur d’impact (impact factor) permettant une comparaison relative entre les sources. Un impact factor élevé est généralement gage de qualité car il signifie que les publications sont passées par un comité de sélection très sévère, avec un taux de rejet important. Ainsi, méfiez-vous des éditions en ligne sans comité de lecture.
Intéressez-vous également à la date de publication de l’article ainsi qu’aux références citées : de quand date la publication ? Y a-t-il eu beaucoup d’évolutions technologiques dans le secteur depuis ? Mais également, sur quelles publications les auteurs s’appuient-ils dans leur travail ? Ces références proviennent-elles de journaux prestigieux ou spécialisés dans le domaine ?
Il est donc nécessaire d’établir votre stratégie de veille technologique de sorte à effectuer un tri rigoureux et à ne conserver que les informations pertinentes et fiables.
La veille technologique, un travail au quotidien
Tout comme la veille concurrentielle, la veille technologique est un travail qui s’effectue tout au long du projet afin d’être au fait des dernières avancées scientifiques liées à votre activité. Au pire, vous passerez à côté d’informations cruciales, et au mieux, cela vous permettra de faire évoluer votre projet en fonction des dernières avancées scientifiques disponibles et donc de bénéficier des résultats des travaux d’autres chercheurs de la communauté scientifique.
Pensez également à ajouter des alertes automatiques sur certains mots-clés afin d’être toujours informé de la parution de nouveaux articles traitant de votre sujet.
Enfin, la veille technologique est une activité collaborative dont les résultats doivent être partagés régulièrement entre les différents membres impliqués dans le projet, afin de faire circuler l’information et d’en avoir une vision commune. N’hésitez donc pas à avertir vos collaborateurs de vos recherches et à leur demander de vous tenir informé des leurs.
La publication scientifique, au cœur de la stratégie de veille technologique
Les publications scientifiques sont considérées comme les supports de diffusion d’information scientifique les plus qualitatifs. Toutefois, vous pourrez également vous procurer des informations pertinentes via des livres, qui vous donneront généralement du contenu moins spécifique que les publications mais qui vous permettront d’acquérir rapidement une vision globale du domaine.
Vous pouvez également consulter des reviews, ces publications spécifiques qui réalisent un état de l’art des connaissances sur une thématique précise à un moment donné. Les reviews constituent une source d’information précieuse pour votre veille technologique, car en plus de vous apporter de l’information, elles listent les publications pertinentes dans le domaine et vous guident ainsi dans vos lectures. Pensez également à aller chercher du côté de l’état de l’art et la liste de références bibliographiques présents dans les thèses. Les rapports de conférences scientifiques sont eux aussi une source d’information concise et ciblée sur un sujet très précis.
Enfin, les brevets peuvent aussi apporter des indications précieuses sur les technologies existantes. Misez sur l’utilisation de bases de données pour rechercher l’information de manière efficace. L’Etat a également mis en ligne l’Atlas des Brevets, pour mettre à disposition l’information sur la publication de brevets en France.
L’état de l’art : la synthèse de votre veille technologique
La veille technologique est une étape clé dans la constitution du rapport scientifique du CIR. En effet, afin de valider l’éligibilité scientifique au CIR des opérations de R&D effectuées, il faut mettre en avant l’originalité du projet par rapport aux connaissances existantes dans le domaine concerné et ce, au niveau mondial. Sauf que pour pouvoir se positionner, encore faut-il avoir identifié et analysé ces connaissances …
Si la veille technologique est suivie de la rédaction d’un dossier scientifique du CIR, il faut synthétiser les principales conclusions de la veille pour obtenir un état de l’art structuré et étoffé. Pour cela, pensez à bien décrire les principaux travaux en lien avec votre problématique afin d’en identifier les limites et ainsi faire ressortir les verrous scientifiques du projet dans un second temps.
Pour rappel, les dépenses de veille technologique sont éligibles au titre du CIR à hauteur de 60 000€ au titre du CIR, et donc intégrables pour ce moment à l’assiette déclarée. Toutefois, elles ne sont éligibles qu’à la condition d’être effectuées dans l’optique d’opérations de R&D éligibles.
D’après le Guide du CIR 2018, les dépenses de veille technologique reconnues au titre du CIR sont :
- les dépenses d’abonnement à des revues scientifiques et/ou des bases de données
- les dépenses d’achat d’études technologiques
- les dépenses de participation (inscription) à des congrès scientifiques et/ou les dépenses de personnel générées par la participation à ces congrès
En revanche, les dépenses de personnel correspondant à du temps passé à la consultation de sites Internet ne sont pas éligibles.
Pour aller plus loin
N’hésitez pas à contacter nos experts pour faire le point sur votre activité de veille technologique et à vous abonner à notre page Linkedin pour obtenir nos meilleurs conseils sur la mise en place de votre stratégie de R&D.